Dominique Pierre, Directeur Général de Nicolas Feuillatte, était de passage aux Antilles. L’occasion de parler champagne, plaisirs de vie et petites bulles.

 

Quelle est la raison de votre venue aux Antilles?

Les Antilles représentent pour nous notre troisième zone d’exportation après le Royaume-Uni et les Etats-Unis. De plus, la marque y est leader avec 25% de part de marché tous circuits confondus.

Et puis personnellement, j’aime ce pays, j’essaie d’y venir une à deux fois par an.

 

Quel regard portez-vous sur les Antilles et la Guyane, des départements connus pour être de gros consommateurs de champagne ?

Ici, les gens s’identifient au champagne. C’est une façon pour eux de montrer qu’ils sont des adeptes d’un certain art de vivre. Le mode de vie y est moins individualiste qu’en métropole et la notion de partage est primordiale. Pour ce qui est des chiffres, le taux de pénétration des personnes qui consomment du champagne est de 60% aux Antilles-Guyane contre 30% sur l’Hexagone. Et chez les femmes, cette différence est certainement plus forte encore. Les Antilles et la Guyane sont les plus gros consommateurs de champagne du monde !

 

Existe-t-il un pic de consommation aux Antilles ?

Non, pas vraiment. Les gens consomment du champagne pour carnaval, puis au mois de mai avec toutes les fêtes de famille, baptêmes, communions, etc. En août, la diaspora est de retour au pays et consomme là encore beaucoup de champagne. Puis viennent les fêtes de fin d’année… Seuls les mois de septembre et le carême représentent des périodes plus calmes.

 

Troisième marque de champagne à l’international, Nicolas Feuillatte a réalisé en 2011 le meilleur résultat de son histoire avec plus de 9,6 millions de bouteilles expédiées. Comment vous positionnez-vous par rapport à vos concurrents ?

Je crois avant tout que notre grande fierté est d’avoir su rendre visible une marque peu connue, qui n’existe que depuis 35 ans. Une marque difficilement prononçable pour les Anglais et les Espagnols ! Certains de nos concurrents existant depuis deux ou trois siècles, nous ne voulons pas nous donner des racines que nous n’avons pas. Nous voulons rester le champagne d’aujourd’hui en nous inscrivant dans la modernité. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons revu notre identité visuelle ainsi que l’habillage de nos bouteilles. Nous voulons rester une marque proche des gens. Pour reprendre une expression actuelle : on ne se la pète pas !

 

Quels sont les développements à venir pour la marque ?

Tout d’abord, il n’existe pas d’innovation sur la fabrication du champagne qui est une AOC et qui obéit donc à des règles strictes de production. Aujourd’hui, nous souhaitons décliner notre marque à travers un certain nombre de produits plus élitistes comme le Blanc de Blanc, à base de 100% de Chardonnay, par exemple. On aimerait aussi que nos cuvées spéciales puissent percer un peu plus.

 

Les pays émergents représentent-ils de nouveaux axes de développement à l’export ?

Nous procédons étape par étape car il faut lutter contre des habitudes gustatives fortes. Au Japon par exemple, les gens ont l’habitude du saké et des alcools forts et connaissent moins le vin ou les boissons (alcoolisées, ndlr) à bulles. Dans les pays asiatiques, le champagne rentre souvent par les femmes. En Inde, ce serait peut-être plus facile mais les taxes douanières, entre 180 et 200% du prix d’entrée du produit, limitent considérablement sa distribution et sa consommation. Enfin, au Brésil, les gens sont plus proches des USA et considèrent le champagne comme un “sparkling” (vin pétillant, ndlr) parmi d’autres.