Entre technologies et cultures ancestrales

SYLVIE DESERT

Générateur d’activité économique et pourvoyeur de nombreux emplois, le tourisme constitue l’un des secteurs d’avenir pour l’économie guyanaise. D’autant plus que la Guyane bénéficie d’atouts incroyables qui en font une destination unique dans le monde. Sylvie Désert, qui préside le Comité du Tourisme de la Guyane (CTG), répond à nos questions.

 

Quels sont les principaux enseignements que l’on peut tirer des chiffres du tourisme pour l’année 2011? Quelles sont les attentes pour 2012?

Même si les chiffres officiels publiés tardivement par l’INSEE en 2011 ne concernent que l’année 2009, les différents sondages effectués par le CTG montrent une stabilisation des chiffres du tourisme en 2011 Que ce soit au niveau de l’hébergement, des principaux sites touristiques et de l’aéroport, les flux se sont globalement maintenus, avec toujours une prédominance du tourisme d’affaire et affinitaire.

Pour 2012, l’ensemble des professionnels mise naturellement sur une progression du tourisme d’agrément notamment liée à l’augmentation prévisionnelle des croisiéristes.

 

Quel type de tourisme doit être développé ou encouragé en Guyane? Par quel biais?

Le tourisme d’affaire, notamment généré par l’activité spatiale, devrait naturellement progresser, la Guyane étant en pleine expansion économique.

Le tourisme d’agrément qui s’appuie sur une offre extrêmement riche et diversifié, où la plus haute technologie spatiale côtoie des cultures ancestrales, une faune et une biodiversité exceptionnelle, des fleuves immenses et un patrimoine historique considérable, doit poursuivre sa structuration à travers des aménagements et le renforcement de la capacité d’accueil.

 

Que faut-il entreprendre pour que l’activité touristique décolle réellement?

Le développement de cette  filière dépend de la conjugaison de plusieurs paramètres qui doivent progresser simultanément : la structuration de l’offre, l’hébergement, la formation, les transports, la communication, l’observation… Tous assortis des moyens financiers adéquats.

Le CTG intervient déjà sur les paramètres relevant de sa compétence, mais pour créer un effet de levier beaucoup plus important et une synergie de tous les acteurs, à la demande de la Région Guyane, le CTG travaille actuellement à la réalisation d’un Schéma Régional de Développement Touristique et des Loisirs de Guyane. Il s’agit d’un document de planification réalisé avec l’ensemble des partenaires, qui a vocation à tracer les grands axes du développement touristique sur les dix prochaines années sur 5 grands volets : Aménagement, Marketing, Observation, Formation et Qualité. Il devrait être adopté d’ici la fin de l’année 2012.

 

Qu’est ce que les pays voisins peuvent nous apporter en terme d’expérience en la matière? Que peut-on développer ensemble ? Quel rôle la “multi-destination” doit-elle jouer?

Les pays limitrophes sont des partenaires naturels qui développent des produits complémentaires aux nôtres. L’idée initiée il y a quelques années d’un produit  touristique combiné entre les trois états du Brésil, du Surinam et de la Guyane s’est heurtée à certains écueils administratifs et règlementaires, et n’a pu véritablement aboutir. Néanmoins aujourd’hui, certains professionnels travaillent avec le Surinam sur des groupes venant d’Europe désireux de découvrir les deux territoires. La volonté de travailler avec le Brésil est pressante et fait l’objet de nombreuses rencontres mais elle se heurte au problème de la desserte aérienne.

 

Peut-on développer le tourisme “antillo-guyanais”? Si oui, comment?

Des liens très forts unissent naturellement ces territoires et font que le tourisme affinitaire en provenance des Antilles est très important, et connait un pic significatif durant la période du carnaval. Toutefois on ne peut pas occulter que le coût du transport aérien constitue un vrai frein au développement du tourisme entre la Guyane et les Antilles.

Le tourisme guyanais gagnerait aussi beaucoup à augmenter sa capacité en lit en s’engageant sur une offre d’hébergement intégrée de type “Lodge” qui serait plus en adéquation avec l’offre “nature” que propose la Guyane. Les premières tentatives sur l’est du territoire ont été des réussites particulièrement plébiscitées par les visiteurs.

 

Comment le Comité du Tourisme de la Guyane se mobilise-t-il afin de renforcer la visibilité du potentiel de la région ?

La stratégie du Comite du Tourisme repose sur un plan marketing annuel qui a pour cible d’une part le marché local et régional, d’une part, et le marché national et l’Europe francophone, d’autre part.

La stratégie consiste principalement à assurer la présence de la Guyane sur différents salons grand public et professionnel, programmer régulièrement des “éductours”, des voyages de presse, des voyages de repérage, travailler avec des Tour-opérateurs, etc. Le souci étant de développer un tourisme de niche, la Guyane n’ayant pas vocation à développer un tourisme de masse souvent destructeur de la biodiversité.

 

Enfin, quelle sera la place du CTG dans l’opération “Guyane, base avancée, 2014-2016”?

Dès l’origine, le Comité du Tourisme de la Guyane a été partie prenante de ce projet, en assurant la co-présidence, aux cotés du CNES, de la commission marketing. Il s’agit d’une véritable opportunité de promotion de l’image de la Guyane qui justifie de travailler à la venue sur ce bout de France en Amazonie de l’élite sportive de la Nation. L’ambition est aussi de créer les conditions pour que des circuits “sportif” programment la Guyane en complémentarité de la participation au Mondial ou aux Jeux du Brésil.