De passage aux Antilles et en Guyane pour renouveler le Contrat d’Objectifs et deMoyens, Nadine Morano, Ministre chargée de l’Apprentissage et de la Formation professionnelle, fait le point sur ce dispositif censé favoriser l’insertion professionnelle et sociale des jeunes de nos régions.

Bonjour, pouvez-vous nous en dire plus sur le renouvellement du Contrat d’Objectifs et de Moyens (COM) entre l’État et les régions Guyane, Guadeloupe et Martinique. En quoi consiste-t-il ?

Ce contrat est un devoir envers les jeunes, parce que pour construire sa famille, pour construire sa vie, il faut un travail. C’est pourquoi le gouvernement mène une vraie politique de renforcement de l’alternance avec, pour objectif, d’atteindre 800.000 alternants en 2015. Pour ce COM 2011-2015, l’État a donc décidé de frapper fort. Il s’agit d’un plan de 1,7 milliard d’euro au niveau national qui a déjà été signé avec seize Régions. Et quand l’État met un euro, la Région met un euro. Aussi, ce contrat d’objectifs et de moyens s’élève à 10 millions d’euros en Martinique, plus de 11 millions en Guadeloupe et 6 millions en Guyane.

Et concrètement, à quoi va-t-il servir ?
Il faut avant tout mettre en place à l’échelle régionale des outils de diagnostic des besoins en tenant compte des spécificités des différents territoires. En effet, la Martinique est bien différente de la Guyane, de l’Alsace, de la Région Rhône-Alpes ou du Languedoc-Roussillon… C’est pourquoi il faut faire du cousu main. Ensuite, ce contrat d’objectifs et de moyens doit permettre de rénover des CFA (Centre de Formation des Apprentis, ndlr), de créer des places supplémentaires pour les apprentis. Il doit également servir à renouveler l’équipement informatique des CFA.

Quel peut-être l’intérêt de l’apprentissage pour les entreprises ?
Pour peu que l’on arrive à adapter les centres de formation aux besoins des entreprises, l’apprentissage constitue un partenariat doublement gagnant entre les entreprises et les jeunes.
Pour ce faire, nous avons besoin des entrepri-ses, des CCI, des Chambres des Métiers, des chambres consulaires mais aussi du Recteur et de l’Éducation Nationale… Nous avons besoin de tout le monde, être unis derrière un même objectif.

Quel est le principal frein au développement de l’apprentissage aux Antilles ?
En Guadeloupe et en Martinique, le tissu économique est constitué d’entreprises de très petites tailles et leurs dirigeants pointent régulièrement les difficultés liées à un manque de repères vis-à-vis de l’alternance ou de l’apprentissage. Ils doivent pourtant avoir confiance en ces formations. Parallèlement, il faut développer les filières pour structurer le tissu économique, travailler sur les secteurs porteurs.

Et en Guyane ?
La situation est encore plus complexe puisqu’il manque des cantines ainsi que de nombreuses places d’hébergement en CFA. Compte tenu des difficultés liées au territoire, nous avons mis en place des dispositifs de téléformation. Nous songeons également à développer l’enseignement du portugais par exemple, de façon à intégrer au mieux la Guyane dans son environnement économique.

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