Fred-Alexandre Pétrus est directeur délégué de l’École supérieure de formation en alternance professionnelle (Esfap).
Investi dans la formation depuis vingt-cinq ans, il livre son point de vue sur le développement de l’alternance en Guadeloupe.

Vous avez participé à la mise en place d’un schéma général d’alternance et de formation en Guadeloupe.
D’où vient cette motivation ?

En 2000, lorsque nous avons créé la première école de commerce des Antilles françaises (I2M Sup de Co Caraïbes, ndlr), notre volonté était de répondre aux besoins du marché local, et de mettre en place une relation directe avec le monde de l’entreprise dans des domaines comme le commerce, la gestion, le tou-risme ou encore les NTIC. D’une certaine manière, nous sommes à l’origine de l’alternance en Guadeloupe. Un chiffre illustre de façon significative l’attente des jeunes mais aussi des entreprises locales :
en février 2001, vingt-huit étudiants étaient présents à la rentrée de l’I2M. En septembre 2011, ils étaient deux cent cinquante-deux !

Selon vous, l’Université répond-elle aux besoins des entreprises ?

Pendant des années, il existait effectivement un fossé entre l’Université et le monde de l’entreprise.
Depuis six ans cependant, la politique de l’UAG tend vers les besoins des entreprises au niveau local. Je crois que l’effort est fait, oui. Parallèlement, et en dépit de difficultés financières, la Région Guadeloupe a également tendance à s’impliquer : création d’un centre régional de la formation, d’écoles de la deuxième chance…

La formation continue peut-elle répondre aux impératifs de compétences des entreprises guadeloupéennes ?

La réalité de notre économie veut que les salariés aient besoin d’être formés tout au long de leur carrière. L’OPCA (Organisme Paritaire Collecteur Agréé, ndlr) par exemple, qui finance la formation professionnelle des métiers de l’informatique, de l’ingénierie et du conseil, offre la possibilité aux salariés, dans le cadre du droit individuel à la formation (DIF, ndlr), de se qualifier en fonction des attentes de leur entreprise.
Les DIF et les périodes de professionnalisation doivent répondre aux difficultés des entreprises à embaucher et, dans un même temps, permettre au salarié de ne pas avoir besoin d’aller en métropole pour être formé.

Quel est le modèle de formation le plus adapté à notre économie insulaire ?

Moi, je suis né en 1955. J’appartiens à une génération à qui il a été demandé de partir se former en métropole. Nous n’avions pas le choix. Aujourd’hui, je crois qu’il faut désormais permettre aux jeunes d’aller se former et travailler, non plus en métropole, mais dans la Caraïbe. J’ai un vieux rêve : mettre en place une structure qui permette à des jeunes de suivre un cursus universitaire rattaché à la Caraïbe, avec des cours 50% en français, 50% en anglais. Il existe déjà des échanges avec les USA, avec le Québec, mais rien dans notre environnement proche. La Caraïbe constitue pourtant un formidable potentiel qui reste encore inexploité.

 

A lire aussi sur le même sujet :

L’Université ouvre ses portes aux entreprises
Entreprises et formation :  ce qui marche !
Comment faire décoller l’apprentissage ?
La formation, c’est aussi pour les patrons

L’État et les Régions s’engagent – Rencontre avec Nadine Morano
Des diplômes … et du travail !  – Interview de Pascal Saffache, Président de l’UAG
GBH se doit de jouer le jeu – Interview de Stéphane Monlouis
Traduire des besoins en diplômes – Entretien avec Antoine Primerose (UAG)