Entretien avec Antoine Primerose, Vice-Président du Pôle Guyane de l’UAG.

CaribMag : Quel état des lieux pouvez-vous faire sur l’insertion professionnelle à l’UAG en Guyane ?
Dès l’an 2000, l’UAG s’est beaucoup investie dans la création de licences professionnelles et de formations correspondant à un vrai besoin. D’ordinaire, les entreprises implantées en Guyane font venir leurs cadres de métropole. Or, nous devons avoir les moyens d’adapter localement une offre de formation qui est en adéquation avec les besoins des entreprises. La licence professionnelle « Génie Civil » par exemple fonctionne très bien en Guyane. C’est l’exemple à suivre même si, bien sûr, il est à re-lativiser, dans la mesure où il s’agit d’un secteur en plein essor, le territoire étant confronté à des problèmes d’urbanisation et d’aménagement. Symbole de ce réel besoin, certains étudiants ne finissent même pas leur cursus puisqu’il sont parfois recrutés au cours de leur troisième année. De plus, cette filière peut s’appuyer sur l’utilisation de matériaux tropicaux qui sont au cœur de notre laboratoire de recherche.

Et pour les autres filières ?
La licence professionnelle « Protection de l’environnement : gestion et traitement des eaux et déchets » fonctionne bien également. A l’IUT de Kourou, nous avons lancé en 2011 une filière par alternance qui réunit une quinzaine d’apprentis du Génie Electrique & Informatique Industrielle (GEII) ou Réseaux & Télécoms (R&T). L’alternance est évidemment une voie à explorer pour l’insertion professionnelle. Après, pour ce qui est des autres filières, le CNES par exemple a résolu le problème. Il mise sur des bacheliers brillants à qui il octroie une bourse pendant cinq ans. Et à la fin de leurs études, les étudiants diplômés sont embauchés. Grâce à ce dispositif, 80% des cadres du CSG sont désormais des Guyanais.

Quels sont les besoins du marché guyanais ? Dans quel secteur d’activité ?
D’après une étude récente, il y a aujourd’hui encore huit cents emplois à pourvoir à niveau bac+2 ou bac+3. Il existe de nombreuses opportunités d’emplois dans le domaine social, scientifique et tertiaire de façon générale.

Les besoins des entreprises doivent-ils orienter la création de nouvelles filières de formation ?
En avril 2011, l’UAG a organisé les Assises de l’Enseignement Supérieur avec comme idée directrice de réfléchir à la mise en place d’un observatoire régional pour l’adéquation entre l’offre et le niveau du marché. Ce genre de mani-festations permet de faire dialoguer le monde de l’entreprise et le monde de l’université. Et à l’UAG, nous disons aux acteurs économiques : « Dites nous quels sont vos besoins, nous saurons les traduire dans une formation ou dans un diplôme. » Les entreprises ont aussi leur place pour répondre aux questions que les jeunes se posent en termes d’orientation. Elles doivent être présentes à l’Université pour échanger sur les besoins des filières, sur les secteurs qui créent de l’emploi. C’est d’ailleurs le but de la Fondation UAG-GBH. Grâce à la Technopole de Guyane, nous faisons également un travail plus en lien avec les laboratoires de recherche. Cela prouve que les échanges existent.

Que manque-t-il pour faire en sorte que la formation corresponde aux besoins réels du marché ?
Le problème réside dans le fait que la Guyane est finalement un petit territoire. Avec deux mille étudiants en formation initiale, il est difficile de mettre en place des programmes axés sur des filières bien précises. Il ne peut s’agir que d’opportunités à quatre ou cinq ans, pas plus.

 

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